Créer une nouvelle toile, c’est donner une réalité matérielle à une image fugace. Il faut jongler en permanence entre le fil d’Ariane de cette diapositive mentale issue de l’imaginaire et les contingences techniques qui sans cesse nous ramènent à la réalité.
La composition
Ce sont des images à plusieurs entrées, où on peut passer d’un plan à l’autre à chaque seconde. Chaque centimètre carré de la toile est travaillé avec la même importance. Il est alors très complexe d’organiser toutes les superpositions afin d’orienter le regard du spectateur à son insu vers l’endroit de la toile que l’artiste veut mettre en avant.
Bien que la plupart de mes créations soient issues de mes rêves. Il faut à chaque fois construire cette nouvelle peinture sur la toile, et pour cela organiser l’espace.
J’aimerais rendre la complexité apparente de la toile aussi simple et hypnotisante que possible.
La peinture
J’utilise la peinture à l’huile sur toile et plus précisement la technique des glacis. J’essaye d’obtenir un effet très lisse de la surface, un aspect miroir où celui qui regarde vient se perdre, happé par un « au-delà ». Je dois dès la conception mentale de ma toile décomposer la lumière comme dans un prisme afin de garder des couleurs pures et chantantes.
Le glacis
Le glacis est l’application d’une couche de couleur transparente sur une couche de couleur opaque. (Glaçage d’un jaune sur un bleu par exemple pour obtenir du vert). Le glacis donne aux couleurs une profondeur extraordinaire. Il peut être plus clair ou plus foncé que le ton sur lequel on le passe. Le glacis peut être exécuté dans le demi frais, ou après séchage des couches du dessous.
Pour ma part chaque toile se compose de 5 à 10 couches successives, toujours plus riches en huile au fur et à mesure de l’avancement de la toile, c’est pour cela que je fabrique moi-même mes médiums à peindre en fonction du stade d’évolution de la toile afin d’éviter les craquelures.
L’enrichissement que le glacis apporte à la couleur tient de la magie. Seule cette technique à mes yeux permet d’emmener le spectateur dans l’intimité de mes rêves.
Le dessin
Il est primordial, je n’ai pas le droit à l’erreur anatomique ou à « l’à peu près » Il ne faut pas que le regard se heurte à une incohérence, sinon le grand départ vers l’imaginaire n’aura pas lieu,
La couleur
Selon le critique d’art Thierry Sznytka (arts actualités magazine)
“La douceur de la palette de Jeannette Guichard-Bunel sert des ambiances de couleurs acidulées qui n’en finissent pas d’acquérir de la force, tant l’artiste marie les contrastes audacieux. A ce jeu, même les couleurs froides finissent par être chaleureuses. La dualité de sa démarche, tant sur le plan formel qu’intellectuel, correspond parfaitement à la richesse de tempérament de ce peintre.”
Le graphisme
J’utilise le graphisme en dernière couche, à la dernière superposition. Il contraste avec la transparence, cloisonne les couleurs et les fait vibrer. Il est pour moi une « calligraphie figurative » utilisant principalement la ligne courbe. Noir et opaque, il n’est pas sans ressembler aux cernes de plomb d’un vitrail.